Entre le fauteuil AA Airborne original, chic dans sa housse coton imperméable couleur Algue, et le mange-debout Fermob rouge Piment, je me sens prête à faire face aux vraies urgences de l’été : chiller sous le palmier, partager un apéro. Y-a-t-il autre chose ? Ah oui ! Défendre les pépites du design français à travers ces deux pièces emblématiques. J’avoue, c’est dur. J’ai l’impression de prêcher dans le désert.
Par exemple, hier, vers 17H00, un visiteur élégant, bermuda long, polo Tommy Hilfiger, chaussures genre Tod’s, me dit à propos du AA housse cuir :
« Il est hors de prix ce fauteuil ! C’est rien pourtant, un bout de métal, on le voit partout… » I
Il sortait du restaurant voisin, l’estomac bien rempli et le porte monnaie moins fourni. Je sors mes arguments, l’histoire, la technique, le dessin unique, la qualité. Je compare avec d’autres univers, mécaniques, gastronomiques, prêt-à-porter… Il répond du bout des lèvres :
« Ouais, c’est vrai, j’aime les belles choses, mais la limite, hein, c’est le compte en banque. »
Certes, certes… Au moment de partir, il ajoute :
« Et vous, ça va ? » J’hésite :
« Côté compte en banque ? Autre : Santé, moral, famille, couple..? » Il précise :
« Je veux dire y’a du passage ? » (au même moment, la grange grouillent de clients, les jus coulent à flot… ) Il commence à m’énerver, juste un peu. Puis vient l’estocade :
« Bon, ben… Bon courage ! » me dit-il en guise d’au-revoir, comme pour chasser sa petite frustration de ne pouvoir s’offrir le AA cuir. Parce que si lui ne peut se l’acheter, c’est bien la preuve que moi je suis très c… je veux dire courageuse de le vendre !
Allez, c’est mon petit côté Jésus : prêcher le design en Août à Morlanne !